LE PROBLÈME
Chaque jour, dans mon entreprise, mais aussi dans le monde qui m’entoure et où je vis, je me demande pourquoi les solutions connues qui fonctionnent ne sont pas utilisées au détriment d’usages qui sont connus pour ne pas ou plus fonctionner. On peut citer par exemple la production de masse à l’heure de la flexibilité, la financiarisation de tout, la sous-traitance de la maintenance ou de la qualité, le recours au digital pour remplacer la relation, le refus de recourir à des plans, etc.
L’ANALYSE
La période actuelle est à mon sens marquée par une capacité à ne pas accepter la réalité quand elle ne nous plait pas. Cela se traduit par le plus classique des travers : le mensonge. Aux autres, mais surtout à soi-même. Et cela va à l’inverse du progrès que nous espérons tous.
LA SOLUTION
Le Lean est une stratégie de business qui fonctionne. C’est un courant de pensée qui rassemble les gens et améliore tout. La relation, le produit, le service, la valeur et en conséquence la liberté. Sur tout le périmètre, le Lean trace la voie.
LA CONTRAINTE
Dans un système qui aujourd’hui rejette parfois jusqu’à ces bases – le temps long, l’effort, l’apprentissage, l’écoute, le service, la réduction des gaspillages, la science et notamment celle des matériaux, la remise en question etc -, le Lean qui s’appuie sur les faits scientifiques peine donc à se faire entendre.
Pourtant, il est dur d’échapper longtemps au réel.
Quelques exemples :
- Que se passe-t-il pour mes clients dans 6 mois si nous ne corrigeons pas ces défauts d’airbag ?
- Que se passe-t-il pour les passagers si dans 1 mois je ne corrige pas le logiciel de pilotage des ailerons de l’avion ?
- Que se passe-t-il dans 2 ans si je ne réduis pas la dette de mon entreprise ?
- Que se passe-t-il dans 10 ans si je délocalise la fabrication de mes outillages en Chine ?
- Que se passe -t-il dans 3 ans si je ne fais plus de maintenance sur les voies ?
- Que se passe-t-il dans 10 ans si j’achète un matériel que je ne peux pas utiliser sans l’autorisation du fabricant qui n’est pas sur le même continent que moi ?
- Que se passe-t-il sur mon rivage dans 10 ans si je continue à déverser mes déchets dans la rivière ?
J’aime la courbe suivante car elle s’applique à bien des cas industriels. Elle s’applique aussi aux humains mais les entreprises peuvent y échapper si elles réagissent assez tôt.
Car les lois et les règles existent bien.
Si, quand on lâche une pomme, elle ne tombe pas par terre, je peux affirmer qu’il y a un truc qu’on n’a pas compris.
On a découvert des planètes ou des éléments de classification périodique parce que les lois nous disaient que là il y avait quelque chose.
On les a confirmés après.
La situation économique actuelle ne peut pas tenir. Et personne ne vit en équilibre instable de manière permanente. Les lois économiques ou industrielles nous le crient. Si on est sur terre, quand on la lâche, la pomme tombe. Toujours. Revenons sur terre.
L’ESPOIR
J’aime Winston Churchill. Il disait que l’Angleterre s’écroule dans l’ordre alors que la France se lève dans le désordre.
Le même Winston Churchill disait aussi que si l’Angleterre est un empire, la France est une personne. Et je suis persuadé que c’est une belle personne et c’est la raison qui me pousse à y rester et à faire mon possible pour améliorer notre industrie. Contrairement à certains, je ne fuis pas mon pays pour multiplier mes profits. A titre familial cela n’a aucun sens.
Et en France, nous avons presque tous les ingrédients pour faire face au réel et nous en sortir.
Il nous manque juste la recette. Et cette recette c’est le Lean.
LA REALISATION
Le Lean, c’est construire des personnes sur des années en travaillant sur les bons problèmes et en développant leur créativité dans le travail au lieu de se contenter uniquement de leurs bras. C’est créer de la valeur, de la sécurité et de la stabilité pour longtemps.
Le Lean c’est travailler avec les lois, pas contre. C’est remettre la Mairie au milieu du village. Le Lean ne tord pas la réalité, il l’étudie, la comprend et trouve le bon chemin. Il nous oblige à accepter la réalité même si elle ne nous plait pas.
Le Lean donne le moral parce que les entreprises Lean sont vivantes. Parce qu’elles sont sérieuses. Opiniâtres, pas flamboyantes mais travailleuses. Parce qu’elles ne vivent pas de financements mais de leurs livraisons.
Bien des gens sont convaincus mais ne voient pas par où commencer. Sont démotivés parce qui leur semble insurmontable.
Pour y arriver, c’est simple. On se demande en toutes circonstances si nos actions sont bien ancrées dans le réel, et on s’assure que leur temporalité nous permettra d’en voir nous-même les conséquences.
Il faut, comme le disait Charles Péguy, voir ce que l’on voit.
Et tout devient clair.
Et on fait ce qui doit être fait.
On ne fait pas les choses parce qu’elles sont faciles, ou parce qu’elles sont difficiles, ou parce qu’on peut les faire. On ne fait pas les choses parce que cela nous plaît, ou nous rapporte ni parce qu’un chef l’exige. On fait ce qui doit être fait.
Passer au Lean se fait facilement quand on devient sérieux. C’est à la portée de n’importe qui, si on accepte de ne plus se mentir à soi-même.
MA CONVICTION
Plutôt que de faire société en promouvant des idées vaseuses ou des concepts irréalistes au travers de réseaux immatériels, on fait ce qui doit être fait pour construire le socle de l’environnement physique et moral dans lequel vont vivre et travailler nos enfants.
C’est le seul moyen de redonner confiance aux nouvelles générations.
Le Lean c’est ça.
Jean-Claude Bihr
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